Paroles de vie en marge du missel : 3e Dimanche de Carême

Le Christ, Fils de Dieu, modèle d'humilité dans ses abaissements.

Il n'existait point dans le Christ de défectuosité morale ou d'imperfection qui pût être la raison de son abaissement. Son humanité est l'humanité d'un Dieu : Non rapinam arbitratus est esse se aequalem Deo ; en elle sont amassés « tous les trésors de science et de sagesse », en elle « la divinité habite corporellement ». Non seulement « personne n'a pu convaincre Notre-Seigneur de péché », mais il a « toujours accompli ce qui était agréable au Père ».

Quelle perfection approchera jamais de celle-là ? Aucune faiblesse morale n'atteint « ce pontife saint, immaculé, plus élevé en sainteté que la cime des cieux ».

Mais cette humanité était créée, et, comme créature, elle s'anéantissait devant Dieu dans une révérence infinie. Pour reconnaître les droits souverains de son Père, Jésus s'est offert à lui dans une soumission parfaite qui est allée jusqu'à la mort. Il a subi pour nous toutes les humiliations ; les Juifs l'ont appelé « un possédé du démon » ; ils l'ont accusé, dans l'accomplissement de ses miracles, d'obéir aux inspirations de Béelzébub, prince des ténèbres (1) ; ils ont cherché à le lapider... Puis, l'heure de sa passion est venue. Lui, qui est l'Éternel, Dieu de Dieu, le Tout-Puissant et la Sagesse infinie, il a été rassasié d'opprobres : Saturabitur opprobriis.

Pourquoi ces humiliations ? Pour expier nos orgueils et nos amours-propres ; pour nous montrer ce que doit être notre humilité. « Le Christ ne dit pas : apprenez l'humilité des apôtres, apprenez-la des anges ; non, il dit : apprenez-la de moi ; ma majesté est assez haute pour que mon humilité soit au fond de l'abîme ! »

Le Christ, idéal du moine, pp. 327-328.

(1) Cf. Évangile de la messe.