Mars 1977 - Pour un prieuré de la FSSPX au Québec

Source: District of Canada

La FSSPX faisait l'acquisition de son premier prieuré au Canada en 1977.

Nous publions ici la première annonce qui en a été faite aux catholiques de la province de Québec, dans les pages du bulletin catholique traditionaliste Le Doctrinaire - numéro 29.

Nombreux, parmi nous, sont les laïcs qui veulent non seulement offrir le témoignage de leur fidélité à la pratique sacramentelle, mais encore contribuer au maintien ou à la restauration de la vie catholique telle qu'ils l'ont connue avant l'ouragan soulevé par le concile et ses applications. A l'intérieur de l'Église militante, "le bon combat de la foi" exige un engagement lucide, non équivoque et entreprenant.

Si nous cédions à la tentation d'apprécier la détérioration du milieu ecclésial au Québec, nous pourrions analyser longuement les fautes qui vraisemblablement l'expliquent: indifférentisme, abandon de toute responsabilité aux mains du clergé ou, à l'opposé, anticléricalisme primaire et antinational, tendances libérales et modernistes, opportunis­me de profession ou de clan, opiniâtreté à maintenir, sous prétexte de "renouveau" et d'"adaptation", une orientation pastorale pour le moins douteuse...Mais avec quel résultat? Celui d'envenimer des ressentiments inutiles chez les catholiques frustrés, ou de provoquer d'orgueilleux entêtements chez les responsables (réels ou présumés) du mal à soigner avant tous les autres: la pénurie de prêtres formés selon la volonté de l'Église, "Mère et Maîtresse" de sainteté sacerdotale.

Or, la relève sacerdotale est la responsabilité de tous les fidèles. Et l'expérience des récentes années nous interdit de compter seulement sur la préparation que trouvent les futurs prêtres dans nos collèges (cégeps) actuels et les facultés de théologie installées au cœur d'universités laïcisées.

Nous voulons pour nos prêtres une formation traditionnelle: "classique" au collège, spécifiquement "sacerdotale" au grand séminaire. Des principes sûrs et des constatations quotidiennes nous amènent à repousser le mélange du sacré et du profane qui caractérise certains amalgames universitaires. Marquer le pas en pareille occurrence équivaudrait à nous rendre complices du mal que nous déplorons.

Il n'est pas facile de comprendre que des autorités bien intentionnées, mais férues de "recyclages" dans des organismes étrangers au climat propice à la formation de futurs prêtres, semblent mépriser les cadres traditionnellement spécialisés dans la préparation des candidats à la prêtrise, en dépit de l'éclatante réussite de ces derniers, hier et aujourd'hui, et du lamentable échec des "expérimentations" faites en dehors de ces cadres. Comme si le prétendu "ghetto" ou "vase clos" d'où sont "sortis" un Curé d'Ars, un saint Jean Bosco, un saint Pie X et un Pie XII ne favorisait pas mieux la compétence doctrinale et la vertu sacerdotale que le campus "ouvert au monde", dont la fréquentation expose - qui le niera? - aux "sorties" peu édifiantes de l'après-concile.

C'est pourquoi, face à une "auto-destruction" du sacerdoce qui a trop duré, nous voulons faire en sorte que la formation de nos prêtres revienne au séminaire, de même que la formation d'officiers pour la défense d'un pays revient aux collèges militaires. Tous admettront que nos lieutenants et nos colonels seraient mal préparés à leur service dans une école d'art dramatique ou dans une académie maoiste. L'Église militante enverra-t-elle ses futurs officiers hiérarchiques s'initier à leurs fonctions sacrées (donc "séparées" du profane et du "mondain") dans les "écoles" du "monde"? Loin de rajeunir ou d'aérer ainsi une "tradition vivante", elle se livrerait à un aggiornamento qui serait une marche à la mort.

Nous souririons, si la chose n'était pas triste, en entendant les propagandistes de leur "tradition vivante" nous reprocher nos maladives "nostalgies". Nous n'ignorons pas que, toute vraie tradition invitant au progrès, la formation sacerdotale d'hier a besoin d'amélioration, compte tenu des défections et (si l'on veut) des "résidus". Mais nous rejetons le principe révolutionnaire de la "table rase". C'est sur la fondation des séminaires conçue et réalisés par l'Église au temps de saint Pie X et de Pie XII, papes modernes, mais nullement modernistes, que nous aurons chance d'assurer, au Québec, la relève sacerdotale dont nous avons besoin. Penser le contraire équivaudrait à croire qu'on a épuisé les "insondables richesses" de l'infaillible Tradition. Cela, nous ne le penserons jamais. Catholiques fidèles, noua gardons la véritable espérance, par charité envers notre patrie, nos frères chrétiens et les jeunes qui, désireux de se donner totalement au Christ et à son Église, réclament une formation adaptée à leur idéal.

Vu que cette formation est dispensée avec une parfaite compétence dans les séminaires de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, nous avons acquis la propriété d'une maison et d'un terrain où seront accueillis, guidés, instruits, conformément à la-règle de cette fraternité, les jeunes de chez nous qui aspirent au sacerdoce catholique. Renseignés sur l'oeuvre et la personne de Son Exe. Mgr Marcel Lefebvre; connaissant par le menu l'histoire de la persécution "sauvage" dont il est la victime; sûrs de son orthodoxie doctrinale et de son expérience comme directeur de futurs prêtres, c'est très exactement un petit séminaire de sa fraternité que nous ouvrirons, en septembre prochain, à Shawinigan. Avec la grâce de Dieu et votre indispensable concours.

Cette oeuvre, en effet, doit être notre oeuvre, à nous, catholiques fidèles du Québec. Parce qu'on y formera nos futurs prêtres, en vue du maintien ou du rétablissement, chez nous, de la vraie messe, du vrai catéchisme et de la vraie morale de l'Église catholique romaine.

Appel est donc adressé à quiconque veut seconder notre effort. Par la prière d'abord; par la diffusion de la bonne nouvelle de l'établissement prochain d'un prieuré Saint-Pie ­X; par l'offrande de toute contribution - minime ou importante - destinée à libérer rapidement notre oeuvre de la dette assumée au départ.

Que personne ne se laisse troubler par les "fumées" ténébreuses que Satan voudra répandre pour salir notre projet. Il y a belle lurette que sont réfutées les arguties imaginées contre cette oeuvre par la franc-maçonnerie, farouche ennemie du vrai sacerdoce catholique. Nous les réfuterons de nouveau, si la mesquinerie de quelques perroquets d'ici les reprend à son compte.

L'heure du vrai renouveau a sonné. Que chacun réponde: Prêt!

Claude LEDUC 

Extrait du bulletin Le Doctrinaire - No. 29 - janvier, février, mars 1977

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