Les étapes d’une vraie conversion

Source: FSSPX Actualités

Suite de l'étude de l'abbé Patrick Troadec sur :

Les psaumes : une prière efficace en ce temps d’épidémie

Puisque la cause des fléaux qui ravagent le monde et spécialement du coronavirus qui sévit actuellement, ce sont les péchés des hommes, il importe que nos pays jadis catholiques se convertissent et reviennent à Jésus-Christ qui est l’unique Sauveur. En attendant ce retour des nations à Jésus-Christ, que chacun d’entre nous fasse son mea culpa, reconnaisse ses fautes et profite de cette période de confinement pour se convertir vraiment. Notre-Seigneur n’a-t-il pas dit à Pierre, qui pourtant le suivait déjà depuis un certain temps, « quand tu seras converti, affermis tes frères. » (Lc 22, 32) ? Plus nous serons saints, plus nous pourrons faire de bien autour de nous. Aussi, prenons conscience des différentes étapes à franchir pour parvenir à un changement de vie qui soit vraiment agréable à Dieu. 

La préparation à la confession

La première disposition à cultiver pour bien se confesser consiste en la reconnaissance de sa misère. Le saint Roi David le reconnaissait lorsqu’il disait : « Pour moi, je suis pauvre et indigent ; mais le Seigneur prend soin de moi. Vous êtes mon aide et mon protecteur. Mon Dieu, ne tardez pas. » Ps 39, 18

Dieu donne sa grâce aux humbles. Plus nous serons petits à nos propres yeux, plus le bon Dieu pourra agir en nous et exaucer nos prières. À la reconnaissance de sa misère, il est nécessaire de joindre la confiance en sa miséricorde. Voilà pourquoi, après avoir dit « je suis pauvre et indigent », le Psalmiste s’empresse d’ajouter à l’adresse de Dieu : « Vous êtes mon aide et mon protecteur. »

Pour toucher le cœur de Dieu, le Psalmiste s’appuie sur la miséricorde divine : « Revenez, Seigneur, et délivrez mon âme ; sauvez-moi à cause de votre miséricorde. » Ps 6, 5 

Dans un autre psaume, il dit : « Souvenez-vous, Seigneur, de vos bontés et de vos miséricordes, qui ont commencé avec le monde. » Ps 24, 6. 

Saint Augustin commente ainsi ce verset. « Si le Psalmiste demande à Dieu de se souvenir de ses miséricordes, c’est parce que les hommes pensent, pour ainsi dire, que vous les avez oubliées. En précisant que ces miséricordes ont commencé avec le monde, il veut faire saisir que Dieu n’a jamais été sans miséricorde6. »

« Lavez-moi de plus en plus de mon iniquité et purifiez-moi de mon péché. » Ps 50, 4 

L’homme tombe par lui-même dans le péché, mais Dieu seul peut le relever. Voilà pourquoi le roi David demande cette grâce à Dieu. Au verset 11, il précise : « Détournez votre face de mes péchés, et effacez toutes mes iniquités. »

Une profonde contrition

Le Psalmiste a bien conscience de la nécessité de la contrition pour toucher le cœur de Dieu puisqu’il écrit : « Le sacrifice aimé de Dieu, c’est un esprit brisé ; vous ne mépriserez pas, ô Dieu, un cœur contrit et humilié. » Ps 50, 19 

L’aveu de ses fautes

« Nous avons péché avec nos pères, nous avons agi injustement, nous avons commis l’iniquité. » Ps 105, 6

« Je reconnais mon iniquité, et mon péché est toujours devant moi. J’ai péché contre vous seul, et j’ai fait ce qui est mal à vos yeux. » Ps 50, 5-6

De même que le Psalmiste avoue ses fautes devant Dieu, de même nous devons aujourd’hui, chacun d’entre nous, reconnaître nos propres péchés devant lui en attendant la possibilité de faire une bonne confession. Il s’agit de susciter en nous une grande contrition pour que le bon Dieu efface nos fautes. On peut aussi appliquer ces versets de psaumes aux péchés publics des nations et notamment à l’apostasie ainsi qu’aux désordres moraux qui en ont résulté.

Le ferme propos

David nomme les effets d’une bonne confession dans le psaume 50 qui est, par excellence, le psaume de la pénitence, c’est-à-dire du repentir sincère de ses fautes.

« Rendez-moi la joie de votre salut, et affermissez-moi par un esprit généreux. J’enseignerai vos voies aux méchants, et les impies se convertiront à vous. » Ps 50, 12 et 14-15 

Un esprit droit, généreux, un cœur pur source de joie, un grand zèle missionnaire, voilà les effets merveilleux d’une bonne confession. 

Pour rester fidèle à Dieu, il est nécessaire encore de conserver le souvenir de ses fautes, ce que les auteurs spirituels appellent la componction. Le saint roi David l’exprime ainsi : « Je laverai toutes les nuits mon lit de mes pleurs ; j’arroserai ma couche de mes larmes. » Ps 6, 7

Saint Jean Chrysostome de commenter : « David ne se contente pas de pleurer une fois ses fautes, toute sa vie s’est écoulée dans la pratique de la pénitence. Imitons son repentir ; si nous refusons de pleurer nos fautes ici-bas, force sera de les pleurer dans l’autre vie, mais sans aucune utilité, tandis qu’ici-bas nos larmes sont fécondes en fruits de salut7. » 

L’éloignement des occasions prochaines de péché est encore l’un des fruits les plus efficaces d’une bonne confession. Le Psalmiste en a conscience quand il écrit : « Eloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’iniquité, car le Seigneur a exaucé la voix de mes larmes. » Ps 6, 9. 

Saint Jean Chrysostome poursuit ainsi ses réflexions : « Notre Seigneur nous l’enseigne lorsqu’il dit : "Si votre œil vous scandalise, arrachez-le ; si votre main est pour vous un sujet de scandale, coupez la..." (Mt 5, 29 30). Ici, David ne veut pas parler des membres de notre corps, mais de nos amis les plus intimes. Donc, il nous faut sacrifier l’amitié lorsque loin d’être utile, elle devient nuisible à nos amis aussi bien qu’à nous mêmes. Fidèle à ce commandement salutaire, non seulement David ne recherchait pas de tels amis, mais il leur commandait de s’éloigner de lui8. »

En période de confinement, pensons à faire des actes de contrition parfaite c’est-à-dire de contrition par amour de Dieu pour recouvrer l’état de grâce si on l’a perdu en attendant de faire une bonne confession. 

 

Abbé Patrick Troadec

 

Suite : Les secrets de la sérénité en temps d’épidémie

  • 6D’après Les fins dernières dans les psaumes, Clovis, 2010, p. 111.
  • 7Saint Jean Chrysostome, Œuvres complètes, Vivès, 1867, p. 628.
  • 8Saint Jean Chrysostome, Œuvres complètes, Vivès, 1867, pp. 629-630.