Le Tocsin - Actualités religieuses du Québec

Extrait du Carillon - Numéro 3 - Mai 2015 - 400 ans de Chrétienté
État laïque ou État interreligieux?
Le 19 mars dernier, la Cour Suprême du Canada rendait son jugement à propos de la demande du collège jésuite Loyola, à Montréal, concernant une application du cours d’Éthique et Culture Religieuse adaptée au caractère catholique de l’institution. L’école secondaire privée, catholique et anglophone pourra finalement être exemptée du cours officiel d’ECR proposé par l’État québécois, à condition de proposer elle-même un programme équivalent, bien qu’inspiré par la doctrine des Jésuites.
À première vue, la nouvelle semble témoigner d’une victoire éclatante. Le catholique averti devrait cependant prendre le temps d’analyser attentivement la demande du collège et la décision de la Cour Suprême, les causes, les effets ainsi que le contexte interreligieux particulier dans lequel se trouvent les Québécois d’aujourd’hui.
Force est de constater que le succès du Collège Loyola n’est pas nécessairement une victoire catholique. Le jugement s’appuie surtout sur un concept de liberté religieuse facilement récupérable par les fausses religions. Malgré le programme « catholique », l’institution demeure obligée d’enseigner l’essence du programme ECR et il ne faut pas oublier que les Jésuites, qui dirigent ce collège, ont pris une orientation doctrinale plus que douteuse depuis les années 60 en épousant la théologie de la libération.
Quoi qu’il en soit, les écoles québécoises de toutes confessions pourront maintenant s’appuyer sur ce précédent afin d’obtenir une exemption relative à la religion qu’elles prêchent. Ce jugement n’est-il pas utile pour laisser croire à un semblant de liberté?
Pour voir le jugement de la Cour Suprême
De la stérilité conciliaire en Acadie
On reconnait l’arbre à ses fruits dit l’Évangile, mais que dire de l’arbre lorsqu’il ne produit tout simplement plus de fruit? lorsque le modernisme en est finalement venu à bout?
C’est la question qu’on se pose actuellement au sujet de l’Archidiocèse de Moncton depuis que l’Archevêque, Mgr Valéry Vienneau, a fait sa sortie dans le quotidien Acadie Nouvelle sur la situation plus que critique de l’Église catholique acadienne.
«L’équipe est très vieillissante [...] On doit donc faire des démarches pour remplacer les prêtres, et je dirais même que ça presse [...] Et je crois, sans trop me tromper, que nous n’avons aucune relève en formation au Nouveau-Brunswick. Il n’y a présentement personne au séminaire en vue de devenir prêtre. »
Pour retarder sa fin imminente, Mgr Vienneau entreprend maintenant d’aller recruter des prêtres en Afrique francophone, en soulignant ironiquement le passé missionnaire du Canada-français.
«C’est certain qu’il ne faut pas trop diminuer leur équipe (en Afrique), car il y a toujours beaucoup de travail d’évangélisation à faire là-bas, mais ils sont prêts à partager quelques prêtres avec nous. »
La situation acadienne est vraisemblablement un aperçu de ce que le Québec catholique aura à affronter dans les prochaines années. Nos séminaires sont presque vides et la grande majorité des prêtres conciliaires se rapprochent du cercueil. Les autorités diocésaines refusent de voir la vérité en face, c’est-à-dire que la survie de l’Église Catholique passe nécessairement par un retour à la Tradition.
La loi anti-blasphème sera-t-elle abrogée?
Ça ne chôme pas dans les loges maçonniques depuis les attentats contre le journal français Charlie Hebdo qui a fait du blasphème sa marque de commerce. Si le Grand Orient de France offrait déjà ses condoléances aux loges qui avaient perdu des vénérables frères dans la fusillade au lendemain des événements, nous assistons maintenant à l’organisation d’une coalition mondiale d’athées pour l’abrogation des lois contre le blasphème qui existent encore dans certains pays.
Au Canada, c’est l’article 296 du Code criminel, qui s’applique encore aujourd’hui.
« Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans quiconque publie un libelle blasphématoire. »
Même si les juristes qualifient cet article de « loi dormante » puisque cela fait des années qu’aucune plainte n’est portée pour ce genre d’infractions, cette loi est encore valide et les membres locaux de la coalition menée par l’International Humanist and Ethical Union sont déjà en action auprès du gouvernement canadien pour négocier l’abrogation de l’article 296. Il s’agit ici, au pays, des organisations Humanist Canada et Center for Inquiry (Centre pour l’exploration) deux organismes qui voilent à peine leur affiliation maçonnique en utilisant un lexique propre aux philosophes des lumières.
Une première rencontre d’Humanist Canada avait lieu avec le Bureau de la liberté de religion du Canada à la fin de 2014, concernant entre autres l’article 296, et la fondation de la Coalition internationale avait lieu à la fin de janvier 2015. Visiblement, nous devons nous attendre à une campagne active contre la condamnation du blasphème dans les prochains mois. À noter que le premier président de l’association Humanist Canada, lors de sa fondation en 1968, n’était nul autre que le Dr Henry Morgentaler, figure de proue de l’avortement au Québec.
Kenny Piché
Ils sont fous ces Romains
Visiblement on n’arrête pas le progrès! Au mois d’avril nous apprenions que le procès de béatification de Mgr Helder Camara allait débuter en la Ville Eternelle. Que savons-nous de lui?
Mgr Helder Camara, un peu moins connu ici que le précédent, fut l’archevêque d’Olinda et Recife au Brésil. Pour les connaissants, ce nom évoque la théologie de la libération, véritable idéologie marxiste « catholique ». Original dans son genre, il s’opposa à la condamnation de Paul VI de la contraception, en qualifiant la décision du pontife « d’erreur destinée à torturer les épouses et à ébranler la paix de nombreuses familles ». Parmi d’autres idées excentriques, Mgr Camara soutenait l’ordination des femmes et le divorce. Des rumeurs ont laissé croire que le procès de Mgr Bugnini sera également introduit à Rome. Ces rumeurs se sont montrées infondées.
Disons néanmoins de lui quelques mots. Nous lui devons, assisté de 6 gourous protestants, cette nouvelle liturgie qui « s’éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe ». Hormis l’hécatombe du nouveau rite, de forts soupçons d’appartenance à la secte maçonnique pèsent à son égard: une histoire de sacoche oubliée où furent trouvés, comme par hasard, des documents confirmant une obédience à cette conjuration antichrétienne. Le principal intéressé récusa cette accusation. Néanmoins elle devait être bien fondée, car suite à ce scandale, Mgr Bugnini fut « promu » comme nonce apostolique en Iran. Plus tard dans un livre, il avoua que cet événement fut la cause de son éloignement en Iran, à la veille du début de la Révolution islamique.
« Ils sont fous ces Romains! » dirait Astérix.
Sources:
-Cardinaux Ottaviani et Bacci, Bref examen critique du Novus Ordo Missae
-Mgr A. Bugnini, The Reform of the Liturgy - 1948-1975, p.91
Etienne Dumas