La garde-robe de la Sainte Vierge

Source: FSSPX Actualités

La relique conservée à la collégiale de Loches

Est paru en 2018, aux Editions de l’Hôtel de Sancé, un livre de 34 pages illustré d’aquarelles originales commentées succinctement, intitulé La garde-robe de la Sainte Vierge. L’ouvrage a pour objet les apparitions de la Sainte Vierge et les différentes robes dont elle est revêtue pour ces occasions.

Le sujet est développé en plusieurs articles par l’abbé Etienne Beauvais dans Le Petit Grégoire, la revue paroissiale de l’église Saint-Grégoire des Minimes, à Tours.

En marge du premier article, est contée l’acquisition de la ceinture de Notre Dame vénérée dans l’église Saint-Ours de Loches, en Indre-et-Loire. Loches fut cédée à la France en 1249. Saint Louis l’acheta de l’un des héritiers de Drocon ou Dreux de Mello. La vente fut signée au camp d’Egypte.

Longtemps avant cette date, Loches possédait un précieux trésor, conquis par l’un de ses seigneurs, Geoffroy, comte d’Anjou, dit Grise-gonelle, à cause de la couleur de son armure. Cette conquête est une curieuse histoire que nous empruntons à une petite notice, imprimée avec permission de Mgr l’archevêque de Tours.

« En 978, Geoffroy Grise-gonelle ayant accepté de combattre seul à seul contre un prince allemand qui disputait au roi Lothaire, fils de Louis IV d’Outre-mer, ses droits à la couronne de France, la reine Emma, proche parente du comte d’Anjou, lui envoya, pour sauvegarde, la ceinture de la Sainte Vierge, conservée dans la chapelle de son palais.

« Elle lui recommanda de la porter sur lui pendant le combat, l’assurant que la Vierge Marie, à qui avait appartenu cette ceinture, lui ferait remporter la victoire. C’est ce qui arriva. Le Roi et la Reine, après la victoire de Geoffroy qui leur assurait la tranquille possession du trône, lui firent don de la précieuse relique, qu’il se hâta de déposer dans son église du château de Loches, où presque tous nos rois la visitèrent.

« Chaque année, on l’exposait à la vénération publique, le 3 mai et le 15 août ; ces jours-là, le peuple affluait à l’église collégiale, et l’on voyait souvent dans ses rangs des personnes illustres par leur naissance ou leur sainteté, telles que la Bienheureuse Jeanne de Maillé. Le reste de l’année, la sainte ceinture était soigneusement renfermée dans une armoire à double porte, garnie de fer et munie de cinq serrures.

« La ceinture de la Sainte Vierge est d’un tissu très fin, de couleur noisette, dont la matière est vraisemblablement du lin. Elle a deux mètres dix centimètres de long, et à peu près trois centimètres de large. On la conservait, avant la Révolution, dans un riche reliquaire de vermeil, fait sur le modèle de l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Elle reposait sur une agate d’une rare beauté, enrichie de pierres précieuses et d’or.

« Quand les révolutionnaires vinrent piller l’église collégiale, le riche reliquaire qui renfermait la ceinture tenta leur cupidité ; ils le volèrent donc ; mais la sainte relique fut sauvée de leurs mains sacrilèges par M. l’abbé Pierre-René Leduc.

« En 1803, elle fut rapportée à l’église du château et reconnue solennellement, le 7 août, par les anciens chanoines et chapelains de la collégiale. En 1834, Mgr de Montblanc, archevêque de Tours, permit de l’exposer, comme par le passé, à la vénération des fidèles. Elle est maintenant déposée sur un coussin de drap d’or, auquel elle a été solidement fixée par des attaches portant le sceau archiépiscopal, et renfermée dans une châsse gothique. »

Cette ceinture avait été apportée à Constantinople par l’empereur Arcadius, qui la donna à sa sœur sainte Pulchérie. A Constantinople, la dévotion pour cette relique devint si populaire, qu’Emmanuel Comnène établit une fête en son honneur.

Offerte à Charlemagne en même temps que le voile de la Sainte Vierge, dont hérita Charles le Chauve et vénéré dans la cathédrale de Chartres, la ceinture de Marie resta propriété royale jusqu’au jour où Geoffroy la reçut en récompense.

Un fragment de la ceinture de Notre Dame est également attesté depuis 1252 dans l’église Notre-Dame de Délivrance de Quintin, en Bretagne. Ainsi qu’en la collégiale du Puy-Notre-Dame, dans le Maine-et-Loire.